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Portrait d’étudiants internationaux

"Parler français me permet de voir le monde à travers un autre prisme"

Qui sont ces étudiants internationaux venus effectuer tout ou partie de leur cursus universitaire en France et qui gardent un lien fort avec l’Hexagone ? Chaque mois, le Journal des Français à l’étranger propose, en partenariat avec Campus France, de découvrir le parcours de l’un d’entre eux.

Ce mois-ci, c’est le Britannique Archippus Sturrock, poète et conseiller parlementaire en Écosse, qui évoque les six années qu’il a passées à Paris.

Dans quelles conditions êtes-vous venu étudier en France ?

Je suis arrivé à Paris en 2010 pour suivre une licence de littérature française dans la seule université britannique de Paris : la University of London institute in Paris (Ulip). Cette université existe depuis plus de 100 ans, pour l’anecdote la reine Camilla y a fait ses études !

J’avais quelques bases de français mais une fois à Paris, je me suis rendu compte qu’il allait falloir mettre les bouchées doubles pour comprendre et me faire comprendre. La première année, je suis beaucoup resté avec mes camarades d’université, presque tous Britanniques : dans un pays qu’on ne connait pas, il est toujours plus confortable de rester avec des personnes qui parlent votre langue, connaissent votre culture.

Mais après un an, j’ai réalisé que pour bien parler français et m’intégrer, il fallait que je fasse l’effort de m’immerger davantage. Cela a été une résolution de Nouvel An que j’ai tenue !

Comment s’est passée votre arrivée en France ?

Je n’avais que 18 ans lorsque je me suis installé à Paris et j’ai dû apprendre à faire seul tout un tas de démarches que je n’avais jamais dû effectuer dans mon propre pays alors que je vivais chez mes parents : prendre une carte de transport, solliciter des administrations diverses comme l’assurance maladie, la Caf, etc.

Par ailleurs, je ne connaissais personne dans cette ville, ce qui a finalement été un point très positif pour moi. Sur le plan personnel, le fait d’être dans un environnement complètement nouveau m’a en effet permis de faire mon coming-out avec davantage de douceur, à la vitesse que je voulais. Au Pays de Galles où j’ai grandi, je n’aurais pas pu le vivre de la même façon. Ici en France, personne ne me connaissait et je pouvais être qui je voulais.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris quand vous êtes arrivé en France ?

Il y a en France une culture de la manifestation qui n’a pas d’équivalent au Royaume-Uni. Je trouve cela fascinant et très positif de voir à quel point les Français se mobilisent dans la rue pour défendre leurs convictions. Dans mon pays, je n’ai vu cela qu’à deux occasions : lors du déclenchement de la guerre en Irak en 2003, et au moment du Brexit en 2016. Le revers de la médaille, c’est que j’étais en France au moment des immenses mobilisations contre le mariage pour tous en 2013, ce qui m’a profondément marqué. Mais finalement, cela m’a poussé à exprimer davantage qui je suis, à chérir encore plus la liberté d’expression.

Que vous a appris votre formation en France sur le plan professionnel ?

En premier lieu, une deuxième langue,ce qui est un atout précieux au-delà de l’univers professionnel. Parler français me permet de voir le monde à travers un autre prisme, d’avoir une seconde culture. Tout cela m’a beaucoup aidé lorsque j’ai travaillé au parlement britannique au moment du Brexit : comprendre le français mais aussi les Français m’a permis d’apporter mon expertise dans le cadre de ces négociations.

Aujourd’hui, je suis conseiller parlementaire au parlement d’Écosse et cela me sert toujours. Je travaille notamment avec le consul général de France à Édimbourg pour monter un groupe d’amitié France/Écosse au sein de notre chambre.

Je suis aussi en lien étroit avec le Conseil franco-britannique [une organisation indépendante présente à Paris et à Londres dont le but est de renforcer la coopération entre les deux pays, ndlr]. Enfin, avec la consule honoraire de France au Pays de Galles, nous avons le projet de distribuer dans les écoles galloises un exemplaire du Petit Prince qui vient d’être traduit en langue galloise.

Cette langue a en effet beaucoup de mots très proches du français et nous souhaitons valoriser cette proximité. Toutes ces initiatives me sont chères car maintenir le lien entre mon pays natal et la France est pour moi prépondérant malgré le Brexit.

Lire la suite de l’article signé Laetitia Dive sur le site Français à l’étranger