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La dictée, une "spécificité française" à valeur de rite

Souvent haï par les élèves, cet exercice est pourtant une spécificité française depuis l’uniformisation de l’orthographe au 17e siècle. En témoignent les 40 000 personnes inscrites à la "Grande dictée des Champs" le 4 juin dernier.

Tantôt aimée, tantôt haïe, tantôt réformée, la dictée est un passage obligé de l’enseignement français. De ses débuts au 17e siècle suite à l’uniformisation de l’orthographe par l’Académie française à son instauration quotidienne dans les classes de CM1 et de CM2 dès la rentrée 2023, elle est une spécificité française permettant d’apprendre les rouages de la langue de Molière.

"La dictée a une valeur de rite dans l’enseignement français" - Laure de Chantal

Normalienne, agrégée de lettres classiques et autrice de l’ouvrage "La Dictée, une histoire française", avec Xavier Mauduit, Laure de Chantal a fait faire “beaucoup de dictées” à ses élèves et est une spécialiste de l’exercice.

Historiquement, où et quand apparaît la dictée ?

L’exercice de la dictée est ancestral et commence dès l’Antiquité. La dictée consistait alors à mettre par écrit les paroles d’un auteur. L’un des plus célèbres auteurs antiques pratiquant la dictée était Cicéron car il dictait ses textes à son secrétaire Tiron afin qu’il les retranscrive à l’écrit.

De même, dans l’Empire romain, les maîtres dictaient des mots aux petits Romains qui apprenaient le latin. En revanche, la dictée comme élément de ciment national et culturel est apparue en France au 19e siècle.

À l’époque, il y a même eu une sorte de "folie de la dictée". Par exemple, en 1857, sous le Second Empire de Napoléon III, l’Impératrice Eugénie a commandé à Prosper Mérimée une dictée combinant de nombreuses difficultés orthographiques afin de la proposer comme jeu après un dîner.

C’est un texte qui est resté célèbre pour sa difficulté car même l’Empereur a commis 75 fautes. Ce qui est assez révélateur de l’exercice, c’est que la personne qui a fait le moins de fautes à cette dictée était un étranger. Souvent, on constate que ce sont les personnes dont le français n’est pas la langue maternelle qui font le moins de fautes aux dictées.

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Illustration : ’En classe, le travail des petits’. Toile de Jean Geoffroy (1889).